Catégorie : gazouille
La Gazouille n°5 – se défendre (vendredi)
La Gazouille n°4 – se déplacer (jeudi)
La Gazouille n°3 – se lier (mercredi)
Faire lien, Camille connait. A l’ombre du grand cyprès, régulièrement interrompue par le bruit des tondeuses du stade, elle en parle avec une joie manifeste. Elle raconte qu’elle a grandi à Melle où elle a fréquenté intensément le centre socioculturel. Sylvain, l’actuel maire de la ville, y était animateur et « nous a cueilli·es à l’adolescence, nous faisait faire des projets de dingue, des projets longs, par exemple un vrai festival pendant trois jours. C’était incroyable. Et du coup j’ai jamais quitté ce truc ».
Pour les manifest’actions et le village de l’eau, elle s’occupe de mettre en relation des
personnes – de délégations internationales ou qui ne peuvent pas camper ou ont des besoins spécifiques – et des habitant·es qui proposent de les loger chez elleux. Au début, elle a « vraiment galéré à trouver assez d’hébergements » mais elle a activé son réseau, distribué des tracts, envoyé des mails, passé des coups de fils. Les hôtes ensuite lui « courraient derrière pour [lui] dire : ”merci ! on a fait des rencontres géniales. On a appris trop de choses. On encourage tout le monde à faire la même chose s’il y a besoin pour une prochaine fois” ».
Camille ressent partout cet enthousiasme : « En fait quand les gens sont venus une fois, ils se rendent compte de l’énergie folle que ça te donne ! On sort grandi de ces moments-là, on en sort grandi ! Et une fois qu’on a commencé, c’est
impossible de s’arrêter ! »
Elle incarne et transmet à merveille cette flamme collective.
– La Gazouille Sonore n°3 – se lier (mercredi)
La Gazouille n°2 – se nourrir (mardi)
« Y ’a une envie de mobilisation autour de la cantine, parce qu’en fait pour beaucoup c’est une porte d’entrée dans la militance. Par exemple des personnes qui sont déjà visées par des oppressions systémiques, elles ne vont pas avoir envie de s’exposer plus, ou des personnes qui ont pas du tout envie d’avoir de problèmes avec la justice, etc.
Ces personnes, elles peuvent douter avant d’entrer en militance, parce que le mot militant, il peut effrayer un petit peu, on peut s’ imaginer qu’il faut courir avec un
casque toute la journée… Bon , ça arrive qu’on fasse ça , mais pas seulement !
Et la cuisine ou le passage par le maraîchage, ça peut être une porte d’entrée pour des primo-militants, des gens qui ont envie de s ’investir, qui ont envie de faire du collectif, qui ont envie de s’opposer à tout ça ou de soutenir des luttes, de lutter, mais de façon « entrée en douceur ».
Parce que je comprends qu’on puisse être plus à l’aise à planter des betteraves qu’à être à Sainte-Soline. Et c’est absolument OK . »
Entretien avec une membre des Greniers des soulèvements
Parce que c’est un acte d’amour de s’occuper des besoins physiologiques des villageoi.ses. Prendre soin de la diversité des corps qui vivent ici, celleux qui ont des enfants, celleux qui ont des règles, celleux qui ont des maladies intestinales,… Prendre soin de tous nos corps, les aimer, c’est créer les conditions de subsistance de la lutte !
Avec leurs chef.fes de cabinets, ce sont 250 bénévoles sur la durée du village qui vont s’activer pour récolter les caisses de caca, les rassembler dans des bennes (grâce à l’innovation 2024 : le monte-caca! ) et les déposer chez un paysan voisin où les bactéries aérobies vont les composter pendant deux ans. Et après, direction les champs pour nourrir ce qui va nous nourrir !
Alors, bien sûr, bénévole toilettes, ça évoque plus dégoût et puanteur que joie et amour. Mais détrompez-vous : l’amour et l’humour sont le ciment de cette joyeuse équipe ! Entre la remise des médailles d’or du kakaraté et médailles de bronze du water-popo, le Barakaka tout décoré accueille les bénévoles dans son ambiance musicale et joviale !
Bref, si vous cherchez , c’est dans cette team que l’on s’aime le pue !
La Gazouille n°1 – se loger (lundi)
Se loger pour trouver tranquillité, trouver refuge hors du monde cassant –
Se loger, se lover, au creux, au cœur, faire corps avec l’autour, l’autre, les
autres –
Attends, j’saisis pas là, c’est un appel à loger, à s’ranger dans c’te société figée ?
Normalité, cadre étouffant, frontières de la honte en béton sanglant,
endiguant les flux par peur de débordement –
On s’fait pas un peu emmurer là ?
Ok, on remanie, on nuance –
Encore –
Murs en terre, toits en palme, mains dans la glaise –
Construire pour se construire –
Faire forme avec, se fondre dans –
Invitation à laisser faire l’hybridation, nécessaire mélanges, altérités
recherchées –
Campements pirates dans rues en travaux, squats, habitats librement
ouverts pour entre-voir l’ailleurs –
Ici, humain·es habitent, dissout·es dans l’espace : ielles ne sont pas facilement
visibles mais si vous tendez l’oreille, sous l’arbre à palabre, leurs voix s’entre-
mêlent au bruissement des feuilles –
Vendredi 12. 18h30. Place de Melle. Nous arrivons par petites grappes à un rassem-blement appelé par des élu·es localaux « contre toutes les violences » qui pourraient
avoir lieu pendant les manif-actions à venir.
Depuis la veille, nous villageois·e·s de l’eau, échangeons, conversons et prenons
le temps de nous accorder sur quoi faire : on y va ou pas ? On fait un pot de l’ami-
tié ? On amène le dialogue qu’ils nous refusent ? Après l’AG, les discussions per-
durent auprès du feu, et puis c’est décidé : on y va et on chantera Les voleurs d’eau !
Et donc, au jour J : fin de la lecture du communiqué de presse par le président de la
communauté de commune, la brochette d’élu·es derrière lui. Irruption de la Mar-
seillaise par un gars du public, ça suit mollement. Notre groupe lance : « Moratoire !
moratoire ! » avant que le chant s’élève. Et puis, les discussions partent en tous sens.
On en débriefe au Village après le dîner.
Pour certain·e·s, c’est une réussite, l’entente a pu se faire ; pour d’autres, c’est la prise
de conscience que parler à nos adversaires n’est pas chose aisée, que parfois on ne
peut qu’essuyer du mépris, de la violence, qu’on n’était finalement pas préparé·es à de telles éventualités. Faire un retour collectif, c’est important pour visibiliser les vécus de chacun·e et faire une histoire commune.
Extérioriser, papoter après l’AG, chanter. Prendre soin de nous comme on peut,
comme on veut.
Chacun·e s’active
Dans la prairie, planter pinces, monter chapiteaux, installer barnums
Dans la grange, entreposer matériel
Le long du sentier, creuser tranchées, déposer conduits
Entre les arbres, tendre fils électriques, relier projecteurs
Sur chaque plateau, bâtir toilettes sèches
Dans la cour, souder cuves, couper bois
Près du stade, assembler palettes
Autour du puit, coudre bannières, fabriquer signalétique
Sous l’égide du grand héron, installer tables, disposer bancs, brancher tireuses
Dans la bergerie, définir coordination, assurer régie
Le long de la rivière, éloigner tentes pour loutres
Sous le préau, couper légumes, cuisiner, laver, rincer
Dans le fournil, préparer chauffe
Dans la yourte, suspendre bouquets d’achillées
Entre deux portes, échafauder tactiques de protection
Dans l’annexe, installer fauteuils, déposer coussins
A l’ombre du grand marronnier, organiser veille contre oppressions systémiques
Sous le chapiteau, élaborer récits et traces sensibles
Ici et là, porter, mesurer, scier, forer, accrocher, échanger, dessiner, établir peindre, tirer, pousser, pédaler, répéter, penser, marcher, observer, conduire, écrire, nouer,
charger, décharger, imaginer, ranger, taper, découper, connecter, soulever, tenter, construire
Chacun·e s’active
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