Reprises de savoirs

 — La toupie tourne (podcast)

La toupie tourne (podcast)

L’été dernier, au cours d’un chantier de la dynamique des « reprises de savoirs », un ensemble de personnes impliquées dans le monde du bâtiment ont vécu, construit et pensé ensemble le temps d’une semaine pour explorer cette question : Comment reprendre le bâtir au béton ?

Ce podcast hors-série d’avis de tempête fait ici le pont entre ce moment de réflexion et de pratique et l’envie de faire mouvement, de s’organiser, de se rencontrer, et d’assumer les rapports de forces nécessaires contre le bâtiment-industrie.

En effet si les paysan·nes et celles et ceux qu’ielles nourrissent doivent « reprendre la terre aux machines », comme le clame l’Atelier paysan ; ne faut il pas engager la même dynamique dans les mondes du bâtiment ? Commencer à reprendre le bâtir aux bétonneurs, lobbys du béton et donneurs d’ordres, défendeurs d’une façon de construire qui détruit les milieux, coince les travailleur.euses et appauvrit les savoir-faire des artisan·nes.

Pour transformer le bâtir, Il s’agit d’abord de se rencontrer, se fédérer et se positionner ensemble contre les bétonneurs, de la maîtrise d’œuvre à l’artisanat, du monde ouvrier aux sphères universitaires. Puis de prolonger les échanges par l’engagement pratique, se lier aux luttes locales, prendre part à la résistance active tout en construisant dors et déjà un monde désirable. Les journées d’actions contre les bétonneurs du 9 au 12 décembre 2023 semblent être une belle occasion pour un premier rendez vous.

Ensuite il faut faire mouvement, pérenniser et démocratiser les pratiques conviviales et émancipatrices, se structurer dans le monde de la construction afin de faire exister d’autres manières de construire et d’habiter. Après l’heureuse éclosion des naturalistes des terres déjà forte de plus d’un millier de botanistes, ornithologues, entomologues et autres chiroptérologues à l’appui des combats, tentons de composer nos forces pour être ensemble : « les bâtisseurs.euses des terres »

Pour vous tenir au courant inscrivez-vous à la liste mail : reprendrelebatir-subscribe@lists.riseup.net

Les Digitales, 24 au 27 août, la Baudrière, Montreuil

Un festival pour défendre le Squat de la Baudrière à Montreuil, l’occasion d’accueillir le convoi de l’eau à son arrivée depuis Sainte-Soline.

"Les Digitales c'est un festival d'écologies vénéneuses, radicales et surtout anarchistes dont on fête aujourd'hui la troisième édition. Le temps d'un week-end politique, festif et autogéré, des copaines, des collectifs et des luttes de pleins d'horizons différents se rencontrent  à la Baudrière, à Montreuil. Les deux premières éditions nous ont permis de nouer des liens précieux et de faire émerger de nouvelles possibilités. Elles ont par exemple contribué à faire éclore, dans nos milieux militants, les questions d'écologies queer et d’organiser la riposte contre les écologies fascistes."  

Les écoles buissonnières / architectures

En mars dernier nous étions invité par le collectif etc à une discussion au Pavillon de l’Arsenal, « haut » lieu de l’architecture parisienne… Nous avons pu, notamment avec les camarades du Grape, y amener des questionnements critiques sur les savoirs dans une époque de luttes nécessaires !

https://asoc.eu.com/event/les-ecoles-buissonnieres/

A écouter Ici : https://asoc.eu.com/wp-content/uploads/2023/07/ETC_ASOC_Pavillon_Arsenal_2023.mp3

Presse : Reprises de savoirs sur lundi matin, Reporterre, Avis de Tempête …

Quelques articles de presse sur les reprises de savoirs qui parsèment ce printemps 2023 :

Notre appel à chantier pour la saison 2023 est sorti dans Lundi Matin :

Pour des reprises de savoirs

Un podcast d’une demi heure pour raconter les reprises de savoirs sur Avis de Tempête :

Cet été, toustes en chantier ! Rencontres avec les reprises de savoirs

Un entretien est paru sur Reporterre

Ces chantiers participatifs où l’on apprend la maçonnerie et la sociologie

Mais aussi un article sur l’un des chantiers 2022

Bataille des savoirs au Moulin des Laumes : de l’administration à l’autonomie

3ème édition du colloque de la Tanière lié au bâti !

On partage ici un message d’un colloque qui nous semble assez dans la ligne « Reprises de savoirs »

Oyez oyez !

Les renard.e.s libres et joyeux.ses sont convié.e.s à la 3ème édition du colloque de la Tanière lié au bâti !

Il se déroulera dans notre fief du Morbihan du jeudi 6 juillet au samedi 8 juillet.

Mais avant tout, nous tenons à vous remercier : grâce à vous, nous avons pu récolter 2700 euros lors du dernier colloque. Cette somme a été partagée et versée à deux associations : l’Autre Cantine, qui cuisine des repas aux migrants et le Pep’s de Guérande… à qui l’argent a permis d’organiser un voyage à la montagne avec les jeunes ! Merci !

On recommence ? Pour rappel, l’objectif de ces 3 jours est de partager et diffuser des savoir-faire traditionnels et actuels du bâtiment.

Plusieurs ateliers sont proposés :

  • Taille de pierre et maçonnerie
  • Façonnage de menuiseries à la main avec forge de la quincaillerie
  • Équarrissage à la hache
  • Taillage et piquage d’un colombage
  • Initiation à la terre crue
  • Couverture ardoise

Cette année, les conférences auront pour thèmes :

1. « L’archéologie expérimentale en Égypte » par Olivier Lavigne (6 juillet)

Olivier Lavigne est tailleur de pierre et étudie depuis plusieurs années les méthodes de taillage et de mise en œuvre des pierres en Egypte.

2. « Chronologie des assemblages de menuiseries du néolithique jusqu'à la période médiévale » par Christian Fournier (6 juillet )

Christian Fournier est artisan, formateur et chercheur. Il œuvre en menuiserie et ébénisterie pour les Monuments historiques. Il est spécialisé dans l’étude des meubles, de leur conception à leur fabrication.

3. « Faire et savoir. Partage pédagogique et perspectives anthropologiques au Museum National d'Histoire Naturelle de Paris » par Léo Mariani et Julien Blanc (7 juillet)

Léo Mariani est anthropologue. Ses recherches se situent dans le champ de l’anthropologie du corps, de la nature et de la connaissance.

Julien Blanc est anthropologue de l’environnement. Son travail porte principalement sur les alternatives agricoles.

4. « Des artisans dans la fabrique institutionnelle. Lignes de fuites pour pouvoir construire avec des terres crues dans le secteur français du bâtiment ». ( 7 juillet)

Jean Goizauskas est doctorant en sociologie des techniques. Son travail porte sur l’institutionnalisation des pratiques de construction en terre crue en France.

Une participation de 80 euros est demandée pour les repas et le défraiement des intervenants.

Une partie des bénéfices générés par le colloque sera reversée à des associations d’aide aux migrants.

À l’issue du colloque se tiendra la « Foire du Samedi soir » : les producteurs locaux et les bénévoles vous proposeront de quoi vous restaurer et la soirée se poursuivra en musique !

Pour cette occasion, le site et les conférences seront accessibles aux visiteurs (qui ne participent pas aux ateliers) à prix libre.

Camions et, de préférence, tentes sont les bienvenus pour loger sur place.

80 places sont disponibles… Merci de vous inscrire avant le 15 juin sur la boite mail de l’asso (uniquement) : assolataniere@gmail.com


La priorité est donnée aux personnes pouvant être présentes les 3 jours.

Nous validerons votre participation par retour de mail. Les modalités et le délai de paiement vous seront alors communiqués (chèque transmis par voie postale ou virement). L’inscription sera définitivement validée à réception du règlement, accompagné de la décharge de responsabilité en cas d’accident (document à remplir que nous vous transmettrons).

Au plaisir de vous retrouver à la Tanière sous un radieux soleil breton pour ces trois jours de joyeux labeur et de réjouissances !

L’association la Tanière

La ville Jacob – 56130 Nivillac

assolataniere@gmail.com

Article : Bataille des savoirs au Moulin des Laumes : de l’administration à l’autonomie

Alors que les sociétés occidentales contemporaines ont confié la gestion de toutes les sphères de l’existence à l’expertise d’une superstructure industrialo-capitaliste, se réapproprier la fabrique de la vie quotidienne est un engagement éminemment politique. Ce cheminement vers l’autonomie, c’est celui qu’Itto et Alexis ont voulu suivre en restaurant le moulin à eau dans lequel iels habitent en Bourgogne-Franche-Comté. C’était sans compter sur l’hégémonie des savoirs institutionnalisés, qui met à l’épreuve la légitimité de leur démarche empirique. Reportage.

Article sur un Chantier Reprises de Savoirs 2022 dans Sciences Critiques

Saclay : une autre rentrée

Chaque année le plateau de Saclay et ses multiples instituts engloutissent de nouvelles vagues d’étudiant·e·s. Certain·e·s sortent du lycée, d’autres du carcan des prépas. Beaucoup amènent avec elleux l’excitation d’un nouveau lieu à découvrir et des désirs de rencontre. C’est un mélange bien dangeureux pour les gouvernants qui voient dans l’université une machine à produire des travailleur·euse·s plus ou moins diplomé·e·s, plus ou moins « excellent·e·s », mais surtout dociles et serviables. Heureusement, le dispositif est bien huilé. Les journées de cours à rallonge assurent qu’il n’y aura pas trop de temps libre pour penser et critiquer. Dans les écoles, un foisonnement d’associations se tient en embuscade pour sauter sur la moindre seconde de temps libre et le transformer en travail bénévole, où l’on apprend à gérer tout en jouant sa place dans une insidieuse hiérarchie sociale (les cool kids tiennent le bar). A la fac, la pression des notes et les multiples filières sélectives instillent un climat de compétition larvée. En quelques semaines, le ronron du train-train s’installe, les énergies sont canalisées, les désirs récupérés et mis au travail. Tout le monde gère. Tout va bien. Chacun·e est seul·e.

On se prend alors à rêver d’une autre rentrée, où les nouveaux·elles seraient accueillis pas des collectifs, des étudiant·e·s, des chercheur·euse·s qui leur montreraient comment elles et eux voient ce plateau sur lequel iels viennent de poser leurs valises. Quel rôle joue cette université ?  Qu’y avait-il ici avant tout ce béton ? Quelles existences on mène, par ici ?  Et on pourrait alors se rencontrer, trouver des allié·e·s avec qui penser contre ce qu’on nous impose, et penser avec conséquences. Opposer à la machine à isoler une occasion de tisser des liens qui durent. 

Un appel à organiser ces « autres rentrées » a été lancé par le collectif Reprises de savoirs (https://www.reprisesdesavoirs.org/, voir leur appel joint). Sur plusieurs campus du pays, des initiatives sont en cours d’élaboration. On est plusieurs sur le plateau de Saclay à vouloir faire quelque chose sur notre territoire, avec toutes celles et ceux à qui ça parle. Alors on vous invite, ami·e·s, allié·e·s, camarades, syndicats, associations, collectifs, à venir discuter le 16 Mai à 18h au campement de Zaclay (pour s’y rendre : https://nonalaligne18.fr/zaclay/) de ce à quoi pourrait ressembler notre « autre rentrée » sur le plateau de Saclay.

Les Résistantes 3 au 6 Août 2023, Larzac

Les Résistantes 2023 – rencontres de luttes locales et globales

QU’EST CE QUE C’EST ?

Du 3 au 6 août 2023, sur le plateau du Larzac aura lieu la première édition des Résistantes – Rencontres des luttes locales et globales ! Plus de 570 luttes locales sont identifiées aujourd’hui sur la carte de Reporterre, et ces Rencontres par et pour les luttes seront l’occasion de les mettre à l’honneur et de rassembler ce vaste mouvement qui grandit à travers la France. 

Tribune / Jeunes diplômés, nous continuons de déserter car nous refusons d’être complices

Un an après les premiers « discours de désertion » dans les grandes écoles, des diplômés bifurqueurs reviennent sur leur refus de rejoindre « les rangs privilégiés d’une guerre menée par le monde marchand contre le vivant ». Et dressent, dans une tribune à « l’Obs », des perspectives pour l’avenir.

Publié le dans l’Obs
https://www.nouvelobs.com/opinions/20230425.OBS72596/jeunes-diplomes-nous-continuons-de-deserter-car-nous-refusons-d-etre-complice.html

En 2022, beaucoup d’encre a coulé au sujet de la désertion des plus diplômé·es, souvent dans la confusion et la superficialité. Nous, collectifs accompagnant ce phénomène social qui s’intensifie, voulons clarifier ce que nous mettons derrière ce mot.

Deux ans de crise sanitaire ont mis à nu l’absurdité d’un quotidien passé à travailler au service d’une économie déconnectée du réel. 2022 a été l’année des vagues de démissions, des discours dans les grandes écoles et des odes au refus du travail comme marchandise. Dans ce contexte de mouvement social d’ampleur – violemment réprimé – contre une réforme des retraites qui considère les êtres comme des ressources productivistes, nous voulons préciser pourquoi nous avons choisi de déserter, dans l’idée de donner des perspectives et d’élargir le front de la contestation.

Que désertons-nous ?

L’illusion perdure selon laquelle la fin du monde serait empêchée par les responsables du désastre : le capitalisme, l’industrie, la technologie, l’Etat. Quelques pistes cyclables, voitures électriques, panneaux solaires, écoquartiers et autres taxes carbone seraient des « solutions ». Or, notre régime économique repose sur l’exploitation des classes laborieuses et des milieux vivants. Il a imposé un mode de vie et une hiérarchie sur tous les territoires du globe par la violence, étouffant progressivement toute alternative.

Contraint·es de passer par la monnaie pour nous nourrir, nous loger, nous soigner, nous sommes privé·es de tout contrôle sur nos vies et de nos moyens de subsistance. Ce ne sont pas les activités artisanales, agricoles ou artistiques qui remplissent l’estomac, mais plutôt l’individualisme, la compétition et l’héritage. Pour nous, être libre, c’est être capable de prendre en charge directement et collectivement nos besoins primaires. Nous ne voulons plus dépendre de l’industrie pour y subvenir.

Jeunes diplômé·es, nous étions parti·es pour des carrières promettant confort et privilèges, en échange de notre loyauté à la classe bourgeoise dominante. Nous avons déserté, car nous refusons ce rôle de complice. Nous désertons les rangs privilégiés d’une guerre menée par le monde marchand contre le vivant. Nous désertons le carriérisme, et les vaines tentatives de verdir le monstre depuis son intérieur. Nous désertons le culte de la technologie, et les fausses solutions promises par l’industrie pour combattre ses propres fléaux.

Déserter pour mieux riposter

Nous souhaitons sortir de l’entre-soi et entrer en résistance, aux côtés de celles et ceux qui se battent pour la terre et la liberté. De la défense des communs à la lutte contre les politiques autoritaires et impérialistes, nous partageons nos connaissances des rouages de la machine avec celles et ceux qui tentent de l’enrayer. Cadres dits « supérieurs », habitué·es à la ville, aux salles de cours et aux bureaux, nous ne sommes pas les mieux placé·es pour nous réinventer paysan·nes et artisan·es. Alors nous apprenons auprès de personnes qui vivent humblement et fièrement, sachant faire des choses par elles-mêmes.

Nous n’inventons rien. Des luttes marronnes aux exodes anti-industriels post-68, du refus de parvenir ouvrier du début du XXe siècle aux stratégies zapatistes des années 1980, nos désertions trouvent leur inspiration dans une histoire riche de mouvements qui ont voulu tantôt résister à l’oppression, tantôt transformer leur monde, mais toujours en défaisant le pouvoir plutôt qu’en le conquérant.

Sortir des oppositions stériles

Nous souhaitons en finir avec le faux débat opposant « les privilégié·es qui désertent pour élever des chèvres » et « les collabos réformistes qui restent à l’intérieur ». Nous mesurons que la critique radicale de la société que nous portons est partagée par beaucoup, que des alliances sont à construire. Nous pouvons avoir des méthodes différentes : avec ou sans les institutions ; légales ou illégales ; violentes ou non ; locales, régionales ou nationales, voire internationales. Nous acceptons la diversité des tactiques, tant que l’on partage un horizon commun.

Ceci dit, beaucoup d’énergie est mobilisée aujourd’hui pour résister depuis l’intérieur, quand nous sommes encore trop fragiles pour construire de vrais rapports de force depuis l’extérieur. Nous n’enrayerons pas la spéculation sur le foncier agricole en la dénonçant uniquement, mais en allant physiquement reprendre les terres ! Nous ne règlerons pas le problème de la sécheresse avec des petits gestes, mais en reprenant la gestion commune de l’eau, en commençant par mettre un terme aux projets de mégabassines ! Nous ne ferons pas la transition avec des centrales de production industrielle d’énergie, qu’elles soient nucléaires ou « renouvelables », car elles reposent sur un pouvoir centralisé, un régime néocolonial, des infrastructures nuisibles et alimentent la même mégamachine. Pour nous, la transition se fera en démantelant ces technologies autoritaires et l’extractivisme global !

Chez les révolté·es solitaires, l’isolement face à l’ampleur du désastre peut générer un sentiment d’impuissance écrasant. Il paraît souvent inconcevable de tout plaquer pour s’engager, sans solution ou plan à grande échelle. Mais il n’y aura jamais de chemin facile, de bouton « sortir du cauchemar » ou de bulletin de vote magique. Déserter, c’est aussi briser cet isolement pour se redonner une puissance d’agir collective. Notre désertion est joyeuse, elle nous rend conscient·es, capables, fier·es de nos apprentissages, et solidaires avec celles et ceux qui croisent nos routes.e

Etudiant·es, salarié·es, retraité·es, sans-emplois… Désertons ! Envisageons toutes les formes de désertion comme des options non seulement possibles, mais nécessaires, sérieuses, et désirables. Créons des réseaux de subsistance où chacun·e pourra vivre dignement. Préparons-nous à lutter pour celles et ceux qui nous entourent et en solidarité avec celles et ceux qui sont loin, pour défendre des milieux vivants et pour reprendre aux tout-puissants ce qui appartient à tous·tes… Construisons un mouvement large et transversal de démissionnaires solidaires pour renverser le rapport de force !

Des membres du discours d’AgroParisTech en 2022, les collectifs Les Désert’heureuses et Vous n’êtes pas seuls.